Le philosophe s'interroge: est il juste de parler de devoir de mémoire, et de façon accessoire quel est son impact sur l'homme?
Si pour Kant il existe un impératif catégorique, on peut définir devoir comme issu de la conscience et de la liberté de l'homme, à distinguer de l'obligation juridique.
Alain dit la morale nous contraint à nous savoir débiteurs. Mais de quoi? D'autre part connaissons nous toujours notre devoir car il n'y a de devoir qu'à condition qu'on le connaisse.
Cette obligation éventuelle peut elle porter sur la mémoire?
St Augustin affirme que la mémoire conserve tout ce que nous pensons et contient toutes nos connaissances, et Bergson d'ajouter , c'est notre durée qui est notre mémoire.
La mémoire est elle trace d'un passé? Certes, mais si elle est la faculté d'enregistre elle est aussi celle de filtrer, et le phénomène de la mémoire des choses négatives se colore de façon différente avec le temps.
Faut il dès lors craindre l'oubli, qui ferait partie d'un travail de mémoire?
Faut il le considérer comme une sélection obligée qui ne retiendrait que ce qui est utile et plaisant? Est ce un suprême refuge?
Hugo dit pardonnez tout mais n'oubliez rien!
A ce niveau, devoir de mémoire et travail de mémoire se croisent.
On peut accepter sans peine le jour des morts si l'on oubliait pas les morts tous les jours, surtout quand leurs trépas furent collectifs et violents.
Le devoir de mémoire a peu de sens , car la mémoire n'est pas une qualité pais une faculté.
En fin de compte ce devoir n'est il pas de se souvenir mais bien de vouloir se souvenir?
Léon Daudet de conclure en disant que rien ne s'oublie plus vite que le déluge de sang, car la rapidité de l'oubli est proportionnelle à la dimension de l'hécatombe.
A méditer.
Solon.